Le préfet des Alpes-Maritimes a dévoilé des mesures visant à réguler la présence des bateaux de croisière dans la baie de Cannes. Mais ces restrictions sont contestées par la mairie, qui plaide pour une position plus ferme.
C’est le sujet de la discorde sur la Côte d’Azur. Entre les services de l’État et les communes du littoral concernées, notamment Cannes, la question de la régulation des bateaux de croisière divise.
Vendredi 10 octobre, le préfet des Alpes-Maritimes, Laurent Hottiaux, a dévoilé des mesures destinées à encadrer les escales des paquebots. Parmi elles, le représentant de l’État a indiqué vouloir appliquer une jauge moyenne de 2.000 passagers débarqués chaque jour, et jusqu’à 3.000 croisiéristes en simultané.
Les navires de plus de 1.300 passagers ne pourront quant à eux faire qu’une escale par jour, avec une limite fixée à 15 navires durant les mois les plus fréquentés, à savoir juillet et août. Mais ces mesures sont jugées trop permissives pour Cannes.
Des seuils de passagers “trop élevés et permissifs”

Dans la foulée, la mairie de Cannes a réaffirmé sa position sur le sujet. “Ces annonces constituent un début de prise de conscience, mais elles ne répondent pas aux enjeux locaux”, précise la municipalité. Elle dénonce une restriction trop légère qui, selon elle, “ignore les réalités du terrain et les choix exprimés localement en matière de protection environnementale”.
La Ville avait déjà tenté de prendre les devants. En juin dernier, le maire de Cannes David Lisnard avait acté une réduction de 48% du nombre d’escales de paquebots de plus de 3.000 passagers, soit au maximum 34 dès 2026, puis 31 en 2027. Précisons qu’en 2024, 175 navires ont fait escale dans la baie de Cannes (pour environ 460.000 croisiéristes) selon les chiffres du ministère de la Transition écologique.
Seuls les navires plus petits, plus propres, devaient être privilégiés à terme. À l’horizon 2030, Cannes souhaitait limiter progressivement les arrivées à des bateaux d’une capacité maximale de 1.300 passagers.
Mais en juillet, le tribunal administratif de Nice avait rappelé que “la régulation des entrées, des sorties et mouvements des navires” relevait uniquement de l’autorité du préfet.
Pour la municipalité, les seuils fixés par le préfet sont “trop élevés et permissifs”. Les navires de 3.000 passagers autorisés simultanément en baie “ne permettent ni une réelle réduction de l’impact environnemental, ni une réponse adaptée aux attentes des habitants”.
La Ville insiste sur la nécessité de protéger la qualité de l’eau, de l’air et la beauté du paysage cannois, souvent défiguré par ces “immeubles flottants”, mais aussi sur le renforcement des pouvoirs de police des maires sur le plan d’eau. “Ces compétences locales doivent être étendues, pas restreintes”, plaide David Lisnard, qui défend une politique maritime plus exigeante.
Quoi qu’il en soit, les mesures annoncées par les services de l’État seront officialisées par un arrêté préfectoral, une fois la phase de consultation avec les acteurs concernés terminée.
