Alors que Christian Estrosi vient d’annoncer son intention d’interdire les bateaux de croisière sur le littoral de la Métropole Nice Côte d’Azur, le maire de Cannes, David Lisnard, reste sur une position plus mesurée mais demande surtout que les maires reçoivent plus de pouvoirs pour réguler cette activité.
Christian Estrosi vient de lancer un pavé dans la mare. Ce lundi 20 janvier, le maire a annoncé sa volonté de bannir les paquebots de croisière du littoral niçois dès le 1er juillet 2025. “Moi, les croisières qui polluent, qui déversent leur clientèle low-cost qui ne consomme rien, mais laissent leurs déchets derrière eux, eh bien je le dis : elles n’ont pas leur place chez nous”, a‑t-il déclaré auprès de nos confrères de Nice-Presse.
Le président de la Métropole Nice Côte d’Azur dénonce les impacts écologiques et socio-économiques du tourisme de masse. Cette annonce marque la fin d’une époque où ces géants des mers faisaient partie du paysage. Mais leur image ne correspond plus aux aspirations écologiques d’une partie de la population.
Une déclaration qui résonne avec les positions défendues par le maire de Cannes, David Lisnard. Depuis plusieurs années, l’élu attire l’attention sur les conséquences environnementales de ces paquebots, en souhaitant“aller plus loin pour protéger notre baie et nous ne pouvons plus subir cet excès de paquebots et embarcations commerciales”.
Cannes face aux croisières : David Lisnard défend l’environnement et la régulation maritime

Contactée par Cannes Actus, la Ville rappelle d’abord que les bateaux ne mouillent pas directement dans les eaux de Cannes, mais dans la baie au-delà de la bande littorale de 300 mètres. Une zone qui échappe donc à la compétence municipale.
“Les maires ne disposent pas du pouvoir nécessaire pour réguler ces navires, qui relèvent de la compétence de l’État”, rapportait David Lisnard en avril 2024. “Il faut que le droit français évolue”.
Depuis 2018, il plaide régulièrement pour l’octroi d’une police maritime spécifique aux communes littorales. L’objectif serait de mieux gérer les navires qui ne respectent pas les normes environnementales. “Une demande, malheureusement, restée sans réponse à ce jour”, nous confie la mairie.
175 escales en 2024 à Cannes
Pour protéger l’environnement, Cannes a pris des mesures concrètes dès 2019 avec la création d’une “Charte Croisière”, signée aujourd’hui par les 32 compagnies maritimes opérant dans la ville. Ce règlement impose des normes strictes, comme la réduction de la teneur en soufre des carburants à 0,1% et l’interdiction de rejets d’eaux usées en mer.
À l’échelle méditerranéenne, la création d’une zone SECA en mai 2025 étendra ces exigences à tous les navires. Une avancée qui, il faut le dire, reflète les initiatives pionnières de Cannes en la matière.
Par ailleurs, David Lisnard avait obtenu de la préfecture un arrêté visant à réguler le mouillage des navires de plus de 24 mètres, dans le but de protéger les herbiers de posidonie. La Mairie explique avoir également imposé des normes strictes aux navettes et aux bus organisant les excursions.
- À LIRE AUSSI : Cannes : la zone de mouillage entre les îles de Lérins réduite pour sauver la posidonie
Ces actions concrètes ont permis de réduire l’impact environnemental des croisières tout en préservant une activité qui génère des retombées économiques importantes.
Dernière mesure en date : la zone de mouillage entre les îles de Lérins a été drastiquement réduite pour mieux protéger la posidonie et l’écomusée sous-marin. L’extension du périmètre est passée de 7.000 à 43.217 mètres carrés, et s’accompagne d’une interdiction stricte d’accès aux engins motorisés dans cette zone protégée.
Malgré ces restrictions environnementales, Cannes continue d’attirer beaucoup de croisiéristes, avec 175 escales pour 2024 (contre 160 en 2023). C’est nettement plus qu’à Nice (117) et Villefranche-sur-Mer (103).