Face à la flambée des meublés touristiques, David Lisnard, maire de Cannes, veut saisir la nouvelle loi “anti-Airbnb” pour réguler une offre devenue massive et pesante sur le parc locatif traditionnel. Objectif : trouver un équilibre entre tourisme et logement pour les locaux.
À Cannes, la pression sur le marché immobilier est palpable. En trois ans, l’offre de logements en location longue durée y a chuté de près de 60% selon les chiffres du spécialiste SeLoger.
À l’inverse, les meublés touristiques continuent d’envahir un marché déjà saturé. En 2023, Cannes en comptait plus de 13.200. Mais l’essor de ce type de logements est l’un des facteurs de la crise du secteur immobilier dans la cité des festivals.
Face à ce constat, partagé sur l’ensemble du littoral azuréen, les élus sont poussés à agir. La nouvelle loi dite “anti-Airbnb”, promulguée le 20 novembre 2024, arrive à point nommé pour répondre à cette crise.
La loi “anti-Airbnb” pour adapter la fiscalité
Portée par la députée Annaïg Le Meur et soutenue par la ministre du Logement Valérie Létard, cette loi vise à réduire les avantages fiscaux des meublés touristiques, tout en incitant les propriétaires à privilégier les locations de longue durée.
Parmi ses mesures phares, l’abattement fiscal des revenus locatifs des meublés touristiques sera abaissé de 50% à 30% dès 2025, pour s’aligner sur celui des locations nues (non meublées). En parallèle, le plafond de revenus locatifs éligibles à cet avantage sera drastiquement réduit, passant de 77.700 à 15 000 euros.
La loi “anti-Airbnb” impose également un calendrier pour interdire la location des passoires thermiques, avec un délai de 10 ans pour évaluer leur performance énergétique. Les logements classés inférieurs à D ne pourront plus être loués à terme.
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Mais surtout, cette mesure permet de donner plus de pouvoir aux maires pour limiter l’impact des locations saisonnières sur le parc immobilier. Les élus locaux pourront ainsi réduire la durée maximale de location des résidences principales de 120 à 90 jours et désigner des zones dédiées aux résidences principales, notamment dans les secteurs tendus, avec des quotas pour les meublés touristiques.
Quels changements à venir à Cannes ?
“On doit pouvoir louer : ce qu’il faut pénaliser c’est l’abus mais pas l’usage.“
— C à vous (@cavousf5) November 21, 2024
Loi “anti Airbnb” : @davidlisnard réagit dans #CàVous pic.twitter.com/zd52ImGbfy
Interrogé à ce sujet sur le plateau de “C à vous” jeudi 21 novembre, David Lisnard salue ces mesures tout en précisant les ajustements locaux à venir. “Cette loi va dans le bon sens, mais il faut pénaliser l’abus, pas l’usage”, affirme-t-il.
Pour le maire, il s’agit de préserver l’attractivité touristique tout en garantissant des logements accessibles pour les habitants et les travailleurs locaux. “Ces meublés ont apporté des avantages en réhabilitant des quartiers, mais il ne doit pas y avoir de distorsion de concurrence avec les hôteliers”, rappelle-t-il.
“À Cannes, le seuil de quatre biens maximum par propriétaire sera instauré pour limiter les dérives”, a fait savoir l’édile qui estime qu’au-delà, “c’est du paracommercialisme”.
Cannes espère ainsi concilier l’essor du tourisme avec un parc locatif plus équilibré. Depuis 2016, la Ville impose aux propriétaires de meublés touristiques de se déclarer en mairie, sous peine d’une amende de 450 euros en cas de non-respect. Une mesure devenue obligatoire à l’échelle nationale en 2019.