La loi SRU continue de faire des vagues dans les Alpes-Maritimes. En 2025, 34 communes sont rappelées à l’ordre pour leur déficit en logements sociaux. Si certaines peinent à se conformer aux exigences, d’autres réussissent à s’en sortir, malgré les contraintes géographiques de la Côte d’Azur.
C’est un coup de massue pour certaines communes. L’État vient de trancher : les communes des Alpes-Maritimes qui ne respectent pas la loi Solidarité et Renouvellement Urbain (SRU) vont devoir passer à la caisse.
Cette législation, adoptée en 2000, impose aux villes de plus de 3.500 habitants de disposer d’au moins 25% de logements sociaux sous peine de sanctions financières. Et cette année encore, la facture est salée pour certaines municipalités.
En première ligne, Nice, qui doit régler une amende de 8,2 millions d’euros, conséquence d’un manque criant de logements sociaux. La capitale azuréenne accuse un déficit de près de 20.000 logements, un chiffre vertigineux qui correspondrait à la construction d’environ 315 tours de 13 étages chacune.
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Mandelieu-La Napoule n’est pas en reste avec une pénalité de 2,08 millions d’euros, suivie de près par Vallauris (2,03 millions). Les maires dénoncent une loi inflexible, jugée incompatible avec certaines contraintes géographiques et environnementales.
Des maires vent debout contre la loi

Face aux sanctions, la grogne monte. À Mandelieu, le maire Sébastien Leroy fustige sur X une “loi digne de l’Union soviétique”. Il rappelle que plus de 80% de sa commune est inconstructible en raison des risques d’inondation et que l’amende ponctionne directement les fonds destinés à la prévention de ces catastrophes naturelles.
Même son de cloche du côté de nombreuses communes où l’application stricte de la loi SRU est perçue comme irréaliste.
Les Républicains et le Rassemblement national, soutenus par certains élus locaux, plaident pour un assouplissement des critères ou un moratoire afin de permettre aux municipalités de rattraper leur retard sans pénalités excessives. Mais pour l’instant, l’État reste ferme. La loi s’applique et les sanctions tombent…
Les bons élèves de la Côte d’Azur

Si certaines communes ne parviennent pas à se conformer aux exigences de la loi SRU, d’autres montrent l’exemple. Cannes échappe aux pénalités depuis l’année dernière. Avec un taux de près de 19% de logements sociaux – le plus élevé du littoral azuréen – la ville a dépassé ses engagements sur la période 2020–2022, atteignant un taux de réalisation de 119,5% grâce à la création de 605 nouveaux logements sociaux.
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En tout, Cannes en compte environ 7.800. Si la ville reste en deçà du seuil des 25%, l’État a reconnu ses efforts et pris en compte son plan local d’urbanisme en cours jusqu’en 2025, lui permettant d’éviter les sanctions. Pour autant, le maire David Lisnard continue de dénoncer une loi “décorrélée de la réalité du terrain”, jugeant les contraintes territoriales incompatibles avec les objectifs fixés.
Saint-André-de-la-Roche, avec 26% de logements sociaux, et Valbonne, qui culmine à 29%, échappent aux sanctions. Valbonne poursuit même ses efforts avec un projet de construction à l’entrée de Sophia Antipolis, visant à ajouter une centaine de logements supplémentaires.
Antibes, longtemps dans le viseur de l’État, a quant à elle réussi à alléger son amende en signant un engagement avec les autorités. Grâce à une politique proactive, elle est parvenue à diviser sa pénalité par six, la faisant passer de 4 millions d’euros à 600.000 euros en 2025. Un effort notable, malgré un score encore en dessous du seuil imposé.
