REPORTAGE — À Cannes, de nombreux habitants dénoncent les bruyants bolides qui transforment plusieurs quartiers en véritables circuits. Certains pointent du doigt l’inaction de la municipalité face à ces comportements dangereux. De son côté, la Ville assure procéder à des contrôles dans le secteur.
C’est chaque été la même mélodie à Cannes. Ou plutôt le même vacarme… Les touristes fortunés du monde entier, notamment en provenance du Moyen-Orient, débarquent en ville et exhibent leurs supercars devant les hôtels de la Croisette.
Bugatti, Ferrari, Lamborghini, Bentley, Aston Martin… Des modèles, parmi les plus rares et les plus exclusifs de la planète, sillonnent la cité des festivals.
De nombreux fans de voitures viennent de loin pour contempler ces bijoux à plusieurs centaines, voire même millions d’euros. “C’est encore mieux qu’à Monaco. On peut approcher les voitures au plus près”, témoigne Corentin, un carspotteur de 24 ans venu spécialement de Nice pour prendre des clichés des bolides.

Mais les Cannois, eux, sont loin d’avoir le même avis. Des habitants se disent littéralement à bout face à ces nuisances sonores. Accélérations, vrombissement des moteurs à l’arrêt et ballet incessant de bolides transforment certains coins de la ville en circuit improvisé, rendant les nuits d’été particulièrement difficiles.
“On n’en peut plus, ils roulent vite et font un vacarme en toute impunité”
Dans le quartier Basse Californie, les riverains en ont clairement ras-le-bol. En ce début de soirée d’août, une Porsche 911 GT3 RS immatriculée à Dubaï passe à tombeau ouvert sur le boulevard Alexandre III. “Vous voyez, et c’est comme ça toute la journée. Et le soir, c’est pire. La ville se transforme en circuit sauvage”, commente excédée une habitante. À peine deux minutes plus tard, deux Ferrari poussent le moteur haut dans les tours au même endroit.
D’autres résidents racontent être même obligés de se cloîtrer dans leur appartement pour dormir tranquille. “On ferme les fenêtres et les volets pour essayer de passer une nuit paisible”, confie, agacée, Marie-Pierre, qui vient chaque été depuis 60 ans dans son appartement situé à l’angle de la Traverse Alexandre III. “Avant, le quartier était un petit coin de paradis. Je ne suis pas sûre de revenir l’année prochaine en raison des nuisances répétées. Que fait la Ville ? Il n’y a jamais de contrôle.”

Même constat du côté de l’avenue de Madrid. Une artère étroite, pourtant plus calme et bordée de copropriétés : “Ces gens n’en ont rien à faire des résidents. Ils accélèrent sur 50 mètres avant de freiner. Le problème est que ça résonne entre les bâtiments et ça fait trembler les murs”, explique une gardienne d’immeuble. “On n’en peut plus, ils roulent vite et font un vacarme en toute impunité.”
Sur les réseaux sociaux aussi, les habitants n’hésitent pas à partager leur épuisement face à la situation : “La nuit, les grandes avenues cannoises se transforment en circuit automobile. La vie en centre-ville devient un enfer au quotidien. Il est grand temps que la mairie se préoccupe de ce problème”, déplore un internaute.
Une autre ajoute : “Dans le secteur Pointe Croisette aussi, sur l’avenue Maréchal Juin et boulevard Gazagnaire, c’est une catastrophe. Tous les soirs, c’est un défilé de voitures qui roulent à grande vitesse. L’autre soir, ils ont failli écraser des gens sur un passage piéton, ce quartier devient fou”.
La mairie assure mener régulièrement des contrôles
De son côté, la Ville précise que la surveillance est constante. “Chaque jour, nos agents sanctionnent excès de vitesse, stationnements interdits, nuisances sonores et comportements dangereux.”
Malgré les plaintes des riverains, aucun équipage de police n’était présent sur ces axes très fréquentés en ce début de soirée d’août. Les habitants réclament “plus de contrôles de vitesse” mais aussi “des verbalisations pour le bruit” et “l’installation de ralentisseurs”.
Pour lutter contre le bruit, des sonomètres de dernière génération ont été installés. Des outils qui permettent de détecter automatiquement tout dépassement des seuils autorisés. “Les contrôles sont quotidiens, toute l’année. Qu’on roule en citadine ou en bolide, la règle est la même pour tous”, rappelle la municipalité.
