Si d’autres grandes villes françaises serrent la vis sur les locations de courte durée, Cannes choisit de ne pas restreindre le nombre de jours autorisés pour les meublés touristiques. Un choix assumé par le maire David Lisnard, qui prône une régulation ciblée pour pénaliser les abus sans freiner l’économie locale.
Pas de quotas pour les locations saisonnières à Cannes. Contrairement à Paris et Marseille qui ont récemment réduit à 90 jours par an le plafond de location des résidences principales sur des plateformes comme Airbnb pour libérer des logements et freiner la flambée des prix immobiliers, la Cité des festivals n’envisage pas de limiter les locations saisonnières.
Pourtant, la Loi Le Meur, surnommée “loi anti-Airbnb”, permet aux maires de fixer ce type de quota pour mieux encadrer les locations touristiques de courte durée et lutter contre la crise du logement.
De son côté, Cannes a décidé de ne pas suivre cette tendance. Lors du dernier conseil municipal, le maire David Lisnard a clairement indiqué qu’il ne souhaitait pas imposer de limite stricte, préférant “pénaliser l’abus et non l’usage”.
Pour l’édile cannois, les meublés touristiques apportent une plus-value économique et sociale à la ville. “Cela permet à des habitants de compléter leurs revenus, tout en favorisant une mixité touristique bénéfique pour le dynamisme des quartiers”, explique-t-il.
David Lisnard met également en avant l’importance de ces hébergements pour accueillir les grands événements, notamment le Festival de Cannes, alors que l’offre hôtelière traditionnelle ne suffit pas à répondre à la demande.
Un choix pragmatique face à une réalité locale différente

Contrairement à d’autres villes où les locations Airbnb explosent, Cannes présente un profil bien distinct. Selon les chiffres de la mairie, 92% des meublés de tourisme proviennent de résidences secondaires, et 89 % des biens sont loués moins de 120 jours par an. “Pénaliser les 8 % restants serait inefficace et injuste”, estime le maire, soulignant que les abus concernent surtout une minorité de propriétaires.
David Lisnard justifie son approche en s’appuyant sur les spécificités locales : “À Cannes, les résidences principales louées sur Airbnb sont marginales. La problématique de l’accès au logement réside ailleurs”.
Plutôt que de restreindre le nombre de jours, la municipalité préfère lutter contre les excès, notamment en supprimant les boîtes à clés installées de manière illégale sur l’espace public, considérées comme des vecteurs d’incivilité et de nuisances pour les riverains.
À Cannes, une régulation ciblée plutôt qu’une interdiction globale
Depuis 2016, Cannes a instauré un système de recensement strict pour les meublés touristiques, permettant un suivi régulier des locations.
Chaque bien doit être enregistré et dispose d’un numéro spécifique pour le paiement de la taxe de séjour. Cette politique proactive a conduit à la suppression de 122 boîtes à clés illégales en 2024, une mesure que le maire souhaite encore renforcer en 2025.
David Lisnard défend une régulation ciblée qui s’attaque aux abus, sans pénaliser les propriétaires respectueux des règles. Selon lui, “l’essentiel est de maintenir un équilibre pour préserver l’attractivité économique de notre ville tout en évitant les dérives”.
Pour appuyer cette démarche, le premier magistrat a rédigé un amendement avec la députée Alexandra Martin visant à encadrer plus strictement les immeubles dédiés exclusivement aux locations touristiques, en proposant de les soumettre au régime des établissements recevant du public. Cette mesure permettrait d’appliquer des normes de sécurité et d’urbanisme plus strictes, similaires à celles imposées aux hôtels ou aux résidences de tourisme.
